La députée Bérengère Poletti, chargée d’une mission sur l’aide à domicile.
« À croire que le ministère ne sait plus quoi inventer pour retarder les décisions », s'agace Pierre Béhar, directeur du financement à l'Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles (UNA). Le ras-le-bol était manifeste au sein du collectif des 16 organisations du secteur de l'aide à domicile, au sortir d'une réunion à la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), en juillet dernier. À l'ordre du jour de cette rencontre : la restitution d'une analyse des difficultés des services, élaborée à partir des remontées de terrain. « La DGCS [en] a manifestement pris la mesure, tempère Alain Villez, conseiller technique à l'union des organismes privés sanitaires et sociaux, l'Uniopss. Nous sommes dorénavant en phase sur la qualification et la quantification des problèmes. » Et problèmes il y a, assure le collectif : entre 2008 et 2010, les structures ont enregistré une baisse de 55 % de leurs fonds propres. Pire : en 2010, la branche a perdu 8 700 emplois, soit 4 % des salariés. Pour autant, toujours aucune réponse concrète en vue, s'impatientent les organisations. « Nous avions pourtant averti que cette collecte de données n'avait de sens que si elle aboutissait au déblocage d'un fonds d'urgence », rappelle le directeur général d'Adessa À Domicile, Hugues Vidor. Les décisions sont notamment suspendues aux premières conclusions, attendues fin septembre, de la mission confiée à la député UMP Bérengère Poletti cet été.
Rigueur budgétaire
Au-delà du volet « aide à domicile », c'est l'ensemble de la réforme de la dépendance (1) qui a pris (encore) du retard. Grande prudence du secteur, à l'annonce, en juillet, du report des arbitrages élyséens : signe d'une réforme à venir ambitieuse ou d'un enterrement de première classe ? « Plus on se rapproche de l'échéance électorale, plus il paraît évident que le sujet, qui concerne chaque famille, pèsera », veut encore croire l'association de directeurs AD-PA. Mais la marge de manœuvre budgétaire est réduite, prévient tout de même Bercy. Permettra-t-elle le retour sur la suppression des exonérations de cotisations au bénéfice de l'aide à domicile, réclamé par les associations ? Voire le déblocage des crédits nécessaires au financement du premier wagon de mesures urgentes de la réforme (notamment le soutien du secteur) ? « Il y aura peut être une grande loi, prédit Pierre Behar, mais à ce rythme, il n'y aura plus d'acteurs pour la mettre en œuvre. »
(1) Lire ce numéro p. 50
Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 88 - octobre 2011