Pourquoi cette réaction épidermique à l’annonce de la prolongation du taux de contribution dérogatoire des universités au FIPHFP ?
Arnaud de Broca. C’est la troisième fois qu’est reconduite cette mesure, annoncée comme temporaire à l’époque. En outre, le ministère de l’Éducation nationale bénéfice déjà d’une exonération depuis 2005. Au total, cela fait beaucoup pour un secteur loin d’être exemplaire en matière d’emploi des personnes handicapées ! Enfin, les 30 millions d’euros ainsi récupérés seront consacrés à la sécurisation des établissements, a indiqué la ministre : si personne n’en conteste la nécessité, rien ne justifie qu’elle se fasse au détriment des travailleurs handicapés.
C’est la goutte d’eau ?
A. B. Oui, car elle s’ajoute aux 90 millions d’euros déjà prélevés par l’État depuis 2014. Si, à l’origine, ces crédits étaient destinés au financement de contrats aidés pour les personnes handicapées, les données nous manquent pour en vérifier l’affectation. Ce fonds n’est pas extensible, d’autant que depuis plusieurs années il a fait le choix de dépenser plus qu’il ne reçoit, ce qui l’oblige déjà à puiser dans ses réserves.
De quoi mettre en doute la volonté de l’État, dites-vous ?
A. B. La politique du gouvernement en la matière manque de lisibilité. Il a notamment mis près de six mois pour nommer les membres du FIPHFP ! Tout comme ceux opérés sur le budget de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph), ces prélèvements à répétition posent la question des modalités de financement de ce fonds, et donc de sa survie à moyen et long termes. Résultat ? Les recettes diminuent, alors que les besoins croissent. Peut-être sommes-nous parvenus au bout d’un système de financement : peut-il continuer à ne reposer que sur la seule contribution des entreprises ?
Propos recueillis par Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 146 - octobre 2016