Présenté le 12 juillet, le plan gouvernemental « Asile » est accueilli avec prudence par les associations. Ses ambitions ? Lutter contre l’immigration irrégulière, améliorer le traitement des demandes d’asile et les conditions d’accueil des candidats, et déployer une politique d’intégration plus efficace.
Un effort sous-dimensionné
Principale critique du secteur : le trop faible niveau des créations de places. Le gouvernement prévoit d’ouvrir 7500 lits supplémentaires dans le dispositif national d’accueil (DNA) entre 2018 et 2019. « Un effort sous-dimensionné qui n’est pas de nature à éviter la reconstitution de campements indignes à Paris et dans les Hauts-de-France [1] », déplore Florent Gueguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité. Alors que les évacuations se multiplient, il réclame une « renégociation du plan » afin de créer 40 000 places en centres d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada) durant le quinquennat et « de renforcer le parc d'hébergement inconditionnel des migrants ».
Autre enjeu, selon Laurent Delbos, responsable du plaidoyer du Forum réfugiés-Cosi ? Revoir la gestion de ces places, car « il y aujourd’hui une multiplication d’établissements susceptibles d’accueillir les migrants. Mais leur gestion est tellement complexe que certaines places restent vacantes ».
Une politique nationale d'intégration
Parmi les points positifs ? La volonté d’accélérer l’enregistrement des demandes d’asile afin de réduire le délai moyen d’examen des situations à six mois. Enfin, les annonces relatives à l’insertion des réfugiés (formation, apprentissage de la langue…) font également consensus. « Jusqu’ici on considérait que ces personnes relevaient du droit commun. Là, la question de l’intégration fait l’objet d’une politique nationale avec des mesures spécifiques », se félicite Laurent Delbos, qui salue l’annonce d’une augmentation de 5 000 places en centres provisoires d’hébergement en 2018 et 2019. Le gouvernement prévoit de nommer un délégué interministériel à l’intégration des réfugiés chargé d’organiser leur accueil, en particulier dans le logement. Quant à l'épineuse question des mineurs non accompagnés (MNA), elle doit faire l’objet d’un plan ad hoc.
[1] À Calais, suite à une décision du Conseil d’État, le gouvernement a annoncé l’ouverture de deux centres d’hébergement temporaire pour accélérer l’examen des situations des migrants.
Noémie Colomb
Publié dans le magazine Direction[s] N° 156 - septembre 2017