Le CIE [1] remplace le Conseil national de l’insertion par l’activité économique (CNIAE), quelles sont ses missions ?
Thibaut Guilluy. Le CIE s’inscrit dans la perspective de la construction d’une société inclusive. Ainsi au-delà de l’IAE, il vise à accompagner toutes les politiques publiques relatives à l’inclusion par le travail. Plus large que le CNIAE, sa composition inclut des représentants du champ du handicap, de la lutte contre l’exclusion ainsi que des personnalités du monde de l’entreprise. Ses missions sont de deux ordres : soutenir les dispositifs permettant de remettre le pied à l’étrier des personnes éloignées de l’emploi et accompagner les entreprises ordinaires à recruter ce public.
Le comité ne compte pourtant que 23 membres contre 42 pour le CNIAE…
T. G. Tout en élargissant son périmètre, nous avons voulu éviter de constituer une assemblée pléthorique et privilégier un conseil restreint. Ce qui a pu, au départ, questionner les acteurs de l’IAE. Mais l’instance va travailler dans une logique d’ouverture à tous les sujets et associera au plus près les réseaux et les partenaires sociaux aux différentes concertations. Par ailleurs, nous concevons cette instance comme un « Action tank » pour coconstruire avec les différentes administrations l’évolution des politiques publiques de la proposition jusqu’à l’évaluation des dispositifs.
Quels sont les premiers chantiers ?
T. G. Sur le handicap, nous allons suivre la mise en œuvre de la réforme des entreprises adaptées et en particulier les expérimentations issues de la loi Avenir professionnel. Une autre priorité vise la montée en puissance du secteur de l’IAE afin de passer de 135 000 à 235 000 salariés concernés d’ici 2022. Nous voulons aussi simplifier et rendre plus efficace sa gouvernance. Nous réunirons régulièrement les réseaux de l’IAE afin de formuler des propositions à la ministre Muriel Pénicaud fin mars. Le rapport de la Cour des comptes attendu fin janvier devrait nourrir notre réflexion. Nous souhaitons aussi être force de propositions pour développer l’insertion des personnes sortant de prison en lien avec la nouvelle Agence du travail d’intérêt général ou encore contribuer à la réussite du futur service public de l’insertion. Côté entreprises, nous réfléchissons à un cadre plus incitatif pour mettre la question de l’inclusion au cœur de leur responsabilité sociale.
[1] Décret n° 2018-1002 du 19 novembre et arrêté du 3 décembre 2018
Propos recueillis par Noémie Colomb
Publié dans le magazine Direction[s] N° 171 - janvier 2019