Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauveté des enfants et des jeunes
Fruits de la concertation sur la future stratégie de lutte contre la pauvreté des enfants, six rapports ont été remis le 15 mars à la ministre Agnès Buzyn. Dès le départ, le gouvernement a choisi de s'attaquer au sujet en partant des plus jeunes pour « rompre avec le déterminisme » du phénomène [1]. Mais la centaine de propositions – résultat de 17 déplacements en région, de 40 réunions nationales et d’une consultation en ligne – couvre l'ensemble de la problématique : accès aux droits, ressources, prévention, insertion, accompagnement et gouvernance. Largement associé, le secteur associatif se dit satisfait de la démarche et des documents dans lesquels « les douze demandes du Collectif Alerte sont bien présentes », approuve son président François Soulage.
Augmenter l’Ondam spécifique
En matière d'accompagnement des publics, une série de mesures vise à développer les dispositifs « générateurs de dépenses sanitaires évitées ». L’augmentation de l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) médico-social de 20 % sur les trois prochaines années permettrait ainsi de créer des lits d’accueil médicalisés et halte soins santé (LAM et LHSS), de renforcer les structures d’addictologie, d’accroître les moyens des appartements de coordination thérapeutiques (ACT) ou encore du programme « Un chez soi d’abord ». Autres pistes encore : déployer les services à domicile (Ssiad, Samsah…) auprès des personnes sans logement propre (en hébergement, squat) et mettre fin aux « sorties sèches » des dispositifs (aide sociale à l’enfance, hébergement, médico-social).
Miser sur le territoire
Enfin sur la gouvernance, l’ambition est de réussir à « piloter la lutte contre la pauvreté à partir des territoires », principal échec du précédent plan 2013-2017. Avec la contractualisation entre l’État et les territoires en cours comme instrument d’engagement des départements sur le sujet.
Reste à savoir ce que deviendront ces rapports. Agnès Buzyn et le délégué interministériel Olivier Noblecourt y travaillent jusqu’en avril avant les arbitrages présidentiels. « Nous attendons des actes concrets et espérons qu’Emmanuel Macron s’emparera d’un maximum de propositions. Il ne faut pas que l’exercice se limite à l’accueil de la petite enfance, prévient Florent Gueguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité. Certains sujets comme la régularisation des familles dans l’hébergement ne coûtent rien, et demandent juste de la volonté politique. »
[1] Lire Direction[s] n° 158 p. 8
Noémie Colomb
Publié dans le magazine Direction[s] N° 163 - avril 2018