Pour les Ehpad, 2021 s’ouvre avec la vaccination des résidents contre le Covid-19, et ses problématiques éthiques et logistiques. « Quand démarrera exactement la campagne ? Quel stockage ?… Le premier vaccin disponible ne se conserve qu’à moins de 80 degrés et les structures ne sont pas équipées », illustrait Romain Gizolme, directeur de l’association des directeurs AD-PA, mi-décembre, en attente du protocole. Seules certitudes : deux circuits d’approvisionnement sont prévus (via 100 établissements de santé pivots et les prestataires de Santé publique France). Une consultation prévaccinale sera obligatoire, et un système d’information opérationnel début 2021.
La délicate question du consentement
Autre question ? Le recueil du consentement, pour lequel le Co-mité consultatif national d’éthique (CCNE) est saisi. « La crise a été un électrochoc pour nous inciter à donner davantage la parole aux usagers », témoignait Séverine Laboue, directrice du groupe hospitalier Loos Haubourdin (Nord). Début décembre, elle a choisi d’interroger les personnes, avant les représentants des familles et des conseils de la vie sociale. Bilan ? Une majorité de « pour » dans une première
résidence et de « contre » dans la seconde, notamment en raison du manque d’informations. « Le ministère doit clarifier par écrit le rapport bénéfices/risques : les résidents ont besoin de savoir s’ils pourront circuler plus librement, sans masque… », abondait Romain Gizolme. Comment recueillir l’accord de ceux présentant une fragilité, questionnait Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du syndicat Synerpa, début décembre : « La loi devrait les protéger par un statut de tuteur/curateur sauf que le système juridique est embolisé. »
Et les personnels ?
Quid des professionnels du domicile, pointait Romain Gizolme, alors que la phase 1 ne vise que ceux des établissements ayant un risque de forme grave, avant l’ouverture en phase 2 aux salariés du médico-social de plus de 50 ans ou présentant une comorbidité. Séverine Laboue voyait déjà arriver la question du caractère obligatoire de la vaccination face aux taux peu élevés observés de celle contre la grippe. Sauf en 2020, où ils sont passés de 20 à 30 % jusqu’à parfois 60 % selon le Synerpa. Pour les autres personnels, il faudra attendre la troisième phase, voire la quatrième pour ceux prenant en charge les personnes vulnérables, dont les travailleurs sociaux.
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 193 - janvier 2021