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Santé mentale
Des annonces en demi-teinte

13/10/2021

Les mesures présentées lors des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie fin septembre ne répondent pas suffisamment aux besoins des personnes, selon le champ associatif. Une réforme de la PCH, une meilleure coordination et des moyens pour soutenir la vie autonome sont toujours attendus.

© Min. soc./DICOM/Tristan Reynaud/Sipa Press

Plusieurs associations avaient alerté en juin, lors de la préparation des Assises de la santé mentale, sur l'importance d’inclure davantage les acteurs sociaux et médico-sociaux. En vain, selon elles : l’approche sanitaire a de nouveau pris le dessus, comme lors du débat sur l’addictologie où les professionnels de centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) et d'accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues (Caarud) n’ont pas eu voix au chapitre. « C’est emblématique de la difficulté à mettre en avant la nécessité de décloisonner ces secteurs, essentiels pour l’accompagnement des personnes », estime Laurie Fradin, consillère Santé à l’union interfédérale Uniopss. Elles saluent toutefois la palette d’annonces présidentielles : remboursement des consultations de psychologue sur prescription médicale dès l’âge de trois ans, création de 400 postes en centres médico-psychologiques (CMP) infanto-juvéniles dès 2022, d’une Maison des adolescents par département et de 100 places d’accueils familiaux thérapeutiques sur deux ans. Ce plan d’urgence prévoit également la création de quatre Maisons des enfants pour coordonner l’accompagnement en santé mentale des 3-11 ans, avant éventuelle généralisation. Pour les adultes, il entérine 400 nouveaux postes en CMP, le renforcement du budget alloué aux groupes d’entraide mutuelle (GEM) et à la création de postes de psychologue dans les services de soins infirmiers à domicile (Ssiad) et ceux polyvalents d’aide et de soins à domicile (Spasad). Enfin, le déploiement de 20 équipes mobiles pour l’accompagnement psychiatrique en Ehpad est annoncé.

Réécrire le décret PCH

« Emmanuel Macron a essayé de pacifier les colères à droite et à gauche dans le champ de la santé mentale, avec un regard à 360 degrés, donc je suis plutôt contente. Même si l’articulation soin et vie sociale manque toujours… », réagit Claude Finkelstein, présidente de la Fédération nationale des patients en psychiatrie (Fnapsy). Beaucoup plus critique, Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Union nationale de familles et amis Unafam, regrette l’absence d’un axe sur le soutien à l’autonomie : « Nous demandons depuis un an la réforme de la prestation de compensation du handicap (PCH), aide humaine pour l’accès au logement individuel ou inclusif. Le décret actuel est discriminant et personne ne nous dit qu’on a tort. »

Le secrétariat d’État chargé des Personnes handicapées a annoncé le 5 octobre le lancement de travaux sur trois territoires (Ardennes, Gironde, Vosges) pour l’adaptation de la PCH aux handicap psychique et troubles du neuro-développement. Il assure qu’à l’issue, prévue en février 2022, « les textes réglementaires seront adaptés ». Une perte de temps, estime Marie-Jeanne Richard : « Nous savons déjà ce qu’il faut faire pour décloisonner. »

Urgence post-Covid

D’autant que ce calendrier, comme celui de la mise en œuvre globale du plan à partir de 2022, se rapproche fortement de l’échéance électorale présidentielle. « Que va-t-il se passer après, et quels moyens seront garantis ensuite ? », interroge Laurie Fradin. L’Uniopss déplore aussi qu’un travail de capitalisation n’ait pas encore été mené sur les projets territoriaux de santé mentale (PTSM). « Ce sont des outils indispensables pour la coordination des acteurs : les diagnostics territoriaux effectués montrent les effets positifs de cette dynamique qu’il faut amplifier », souligne-t-elle. Enfin, l’Unafam pointe les files d’attente persistantes pour accéder aux dispositifs. Selon son baromètre paru le 6 octobre, 84 % des adhérents déclarent que leur proche n’est pas accompagné par un service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS), 91 % par un dispositif d’emploi accompagné. Si les moyens dans le champ de la santé mentale sont attendus depuis longtemps, la crise sanitaire a amplifié l’urgence : selon une étude publiée le 9 octobre dans The Lancet, les troubles dépressifs majeurs et troubles anxieux ont augmenté de 28 % et 26 % dans le monde en 2020.

Laetitia Delhon

Publié dans le magazine Direction[s] N° 202 - novembre 2021






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