Jérôme Voiturier (Uniopss)
Alors que les associations célèbrent en juillet leurs 120 ans, le cœur n'est pas à la fête. Et pour cause : un an après le début de la pandémie, une nouvelle enquête du Mouvement associatif, publiée en juin, fait apparaître que l'impact de la crise se fait davantage sentir sur la perte de revenus d'activités cette année (+11 points par rapport à 2020), la baisse des cotisations (+ 27 points) ou l'augmentation des coûts (+6 points). Si bien qu'un tiers des organisations se disent décidées à revoir leur projet, et plus de la moitié prêtes à des rapprochements avec d'autres.
Les pistes de la Cour des comptes
Pourtant, près de sept structures sur dix n'ont pas fait appel aux solutions financières mises en place par le gouvernement, par méconnaisance ou inadéquation avec leurs besoins. Un paradoxe pointé par la Cour des comptes, dans un récent référé, qui y voit avant tout un manque de coordination. Pour les Sages, la politique de soutien à la vie associative est à la peine : absence de stratégie de long terme qui nuit à l’efficacité des actions, administration sous dotée, disparités de posture des délégués régionaux et départementaux et… soupoudrage des moyens. Aussi, recommandent-ils de concentrer les dispositifs transversaux de soutien vers les réseaux, via des aides incitatives à la modernisation. « Nous partageons l'essentiel du constat à l'exception du "big is beautiful". Si les regroupements sont là pour faciliter le fonctionnement, c'est une chose, mais il y a toute une richesse associative et une créativité à ne pas négliger », pointe Jérôme Voiturier, directeur général de l'Union nationale Uniopss. La priorité selon lui ? Rappeler l'importance de ce secteur qui « a tenu la barque dans les territoires » et lui réaffirmer un soutien financier. « Si le secteur médico-social a été moins touché, le personnel est épuisé et il y aura un effet boule de neige sur l'activité », prévient-il. Et s'il souhaite mieux coopérer avec les différents ministères, une inquiétude à l'horizon : le contrat d'engagement auquel devrait souscrire toute structure sollicitant l’octroi d’une subvention, prévu par le projet de loi sur le respect des principes de la République, encore en discussion au Parlement en juin.
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 199 - juillet 2021