Annabelle Vêques, directrice de la fédération de directeurs Fnadepa © Bernard Gouedard
« Colère », « gâchis », « immense déception »… Alors que le texte de loi « très concret » promis pour la dépendance ne sortira pas des cartons faute de fenêtre de tir parlementaire, nombre d'acteurs du secteur ne croient plus dans une réforme de l'autonomie. « Cette annonce intervient au moment où le niveau de difficultés en termes de ressources humaines atteint une ampleur inédite et est très mal accueillie ! On a le sentiment que jamais la réforme que l'on nous promet depuis 15 ans se concrétisera… », s'agace Annabelle Vêques, directrice de la fédération de directeurs Fnadepa. Et ce n'est pas la promesse de « mesures fortes » dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui va changer la donne. « C’est une loi de financement ! Elle permet d’avoir des leviers budgétaires, mais pas de parler de sujets de fond comme la gouvernance, la citoyenneté…»« On navigue à la petite semaine alors qu'on a besoin d’une feuille de route, abonde Véronique Besse, vice-présidente de l'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Unccas). Il faut simplifier la gouvernance des Ehpad, amorcer un plan de rénovation des résidences autonomie, une formation adaptée aux spécificités du grand âge dans le domicile… Tout est à réinventer ! »
Des impératifs
Faute de mieux, les organisations guettent désormais des gages financiers sur des sujets jugés indispensables comme le Ségur, le taux d'encadrement en structures ou encore la tarification des Ehpad. « Il faut donner la possibilité à tous les établissements de passer en tarif global. Ce serait un levier majeur en terme d’attractivité », soutient Annabelle Vêques. Un dossier qui nécessiterait une enveloppe conséquente puisque seule une minorité y accède chaque année pour 10 millions d'euros. Autre impératif ? « Il faut enfin une réponse : comment finançons-nous la 5e branche qui est pour l'instant déficitaire ? », tance Véronique Besse.
En attendant le PLFSS, la ministre Brigitte Bourguignon déroule ses orientations : installation du laboratoire des solutions de demain sur l’offre d’habitat, lancement de l'appel à projets pour développer les tiers-lieux en Ehpad… Et annonce d'une consultation citoyenne destinée à les rebaptiser. Annabelle Vêques s'interroge : «Il n’y a pas d’autres choses plus urgentes à financer ? »
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 201 - octobre 2021