Jean-Pierre Delfino (Unifaf)
En mars dernier, Unifaf tablait sur le financement de 8 000 parcours de formation liés aux emplois d'avenir sur deux ans. Ce pronostic est-il conforté ?
Jean-Pierre Delfino. Nous devrions être « dans les clous ». En effet, 14 % des structures de la branche, soit 1 100 associations, ont déjà recruté environ 2 400 jeunes et nous comptabilisons 5 000 projets d’embauche à court et moyen termes. Le dispositif monte en puissance. Ce sont d’abord les grosses associations qui s’en sont emparé. Les plus petites, qui ne bénéficient pas toujours des moyens nécessaires en gestion des ressources humaines, sont plus longues à s’y mettre. Pour les y aider, nous proposons notamment un appui au montage financier et administratif des dossiers, particulièrement complexe car il implique de nombreux acteurs et financeurs.
Le secteur des personnes âgées, qui comprend pourtant beaucoup de petits organismes, compte la plus forte proportion d’organisations ayant recours au dispositif (23 %). Comment l’expliquer ?
J.-P. D. Certainement car les difficultés de recrutement y sont particulièrement importantes. Même si les métiers les plus en tension (comme infirmier ou orthophoniste) ne sont pas ceux qui sont visés par le dispositif, destiné en priorité aux jeunes peu qualifiés.
Pourtant, 31 % des recrues ont au moins le niveau bac…
J.-P. D. En effet, on constate sur le terrain qu’un certain nombre d’employeurs profitent des exceptions prévues par la loi pour recruter des jeunes plus qualifiés, une possibilité offerte dans les zones de revitalisation rurale par exemple. Reste que 69 % des jeunes concernés ne sont pas bacheliers. Ainsi, sur l’ensemble de la branche, les postes occupés par des jeunes en emplois d’avenir (ou recherchés à terme) correspondent souvent à des fonctions supports. Une remise à niveau ou une formation professionnalisante peut alors suffire, au moins dans un premier temps. Quant à la préparation d’un diplôme, c’est l’objectif de plus de 60 % des parcours.
Les deux tiers des emplois d’avenir se rapportent à des créations de postes et 30 % à des remplacements suite à des départs en retraite, notamment. Qu’en déduisez-vous ?
J.-P. D. C’est la preuve que les emplois d’avenir permettent de répondre à certains besoins de la Bass. D’ailleurs, au moins 40 % des postes devraient être pérennisés [2]. Même si 90 % des jeunes ont été recrutés en CDD, dont la moitié d’une durée de trois ans, ils pourront ensuite être embauchés en CDI ou en contrat de professionnalisation par exemple. Si le dispositif perdure, il pourra contribuer à accompagner l'important renouvellement des personnels dans les années à venir.
[1] Enquête téléphonique menée auprès d'un échantillon représentatif de 604 structures.
[2] Tandis que 30 % des directions interrogées disent qu’elles n’ont pas de visibilité pour l’instant.
Propos recueillis par Aurélia Descamps
Publié dans le magazine Direction[s] N° 113 - novembre 2013