Ce n’était plus qu’une question de temps. Le 14 février, la Croix-Rouge française (CRF) a présenté aux syndicats les termes de son projet de révision de sa convention collective (CC). Une décision prise par le conseil d’administration en décembre dernier, face au déficit annoncé pour l’exercice 2012 dû notamment aux pertes des activités de l’aide à domicile. « Nous avons opté pour un plan de redressement d’environ 20 millions d’euros, dont la révision de la CC n’est qu’un des volets (5,5 millions d’euros, soit 0,8 % de la masse salariale), explique Patrick Hermange, administrateur. Nous en avons balayé les dispositions et décidé d’en recalibrer certaines à la baisse, sans toucher au cœur des rémunérations et en sauve-gardant l’emploi. » Parmi la vingtaine d’articles concernés ? La prime d’allaitement, la reprise d’ancienneté, les indemnités kilométriques, de départ en retraite… Pour les syndicats, la révision de 2003 n’est pas loin. « Nous avions accepté de perdre des avantages pour obtenir l’intégration dans la CC de l’ensemble des salariés, notamment ceux de l’aide à domicile, rappelle Philippe Perruchon, négociateur CFTC. La Croix-Rouge détricote ce qui a été signé. » Le risque, en cas d’échec des négociations prévues jusqu’à la mi-mai ? Le spectre « d’une dénonciation et d’une balkani-sation du texte en fonction des activités de la CRF », redoute FO.
Accord de méthode
Pour la CGT, c’est du côté de la CCN du 31 octobre 1951 qu’est venu l’exemple. « La CRF s’est engouffrée dans l’ouverture donnée par la ministre des Affaires sociales, en agréant la recommandation patronale. À quoi sert le dialogue social dans ces conditions ? », lance le syndicat. Des négociations à la reprise poussive entre les partenaires sociaux de la « 51 ». Mi-mars, une proposition de méthodologie de travail pour 2013 était soumise à la signature des organisations, afin de « rétablir le socle conventionnel ». Dans les thèmes proposés ? Les nouveaux métiers, la complémentaire santé et certains des fameux 15 points « épineux ». « En cas de notification de deux signatures, nous ferons immédiatement oppo-sition », prévient Catherine Rochard, secrétaire générale FO-Santé privée. Qui, avec la CFTC et la CGT, devait être reçue au ministère du Travail le 26 mars, pour réclamer des commissions mixtes paritaires, condition préalable à la reprise du dialogue.
Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 107 - mai 2013