Pour le recrutement de directeurs dans le secteur social et médico-social, il constitue « un signal de compétence auquel les employeurs font confiance » ; « il sert de repère et […] son caractère générique permet à ses détenteurs une insertion réussie dans des cadres d’emploi très divers. » Tels sont quelques-uns des atouts du certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service d’intervention sociale (Cafdes), identifiés par une étude de 2013 [1]. Un constat toujours valablevalorisé par les employeurs, donc par les aspirants « cafdesiens », il continue de bénéficier d’un niveau constant d’inscriptions, malgré le coût substantiel du cursus (entre 12 000 et plus de 17 000 euros), dont le financement est majoritairement assuré par les fonds de la formation continue. En 2020, 385 personnes ont ainsi obtenu le certificat en formation initiale et 55 en VAE (311 et 51 en 2019). Ce, en dépit de conditions d’enseignement très particulières dues à la crise sanitaire : « Il faut saluer la très forte mobilisation des stagiaires, qui ont mené l’alternance de front avec leur activité, ainsi que l'engagement des centres de formation pour garantir l’excellence du niveau de certification », insiste Elsa Boubert, animatrice du réseau Cafdes à l’EHESP.
Les conditions d’accès
Pour se présenter, les candidats au Cafdes doivent justifier au choix :
- d’un diplôme ou titre homologué ou inscrit au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) de niveau II minimum ;
- d’un diplôme de l’enseignement supérieur sanctionnant trois ans d’études ;
- d’un diplôme ou certificat de l’action sociale ou de la santé publique de niveau III, justifiant d’un an d’expérience dans un poste de cadre ou trois ans dans le champ sanitaire, social et médico-social ;
- de l’exercice en cours d’une fonction de direction d’un établissement ou service dans le secteur.
Ceux qui remplissent ces conditions peuvent postuler aux sélections interrégionales (une épreuve écrite et un entretien). Pour les reçus, la formation (de 24 à 30 mois) comprend 700 heures d’enseignements théoriques reposant sur quatre domaines de formation :
- élaboration et conduite stratégique d’un projet d’établissement ou de service (154 heures) ;
- management et gestion des ressources humaines (196 heures) ;
- gestion économique, financière et logistique (154 heures) ;
- expertise de l’intervention sanitaire et sociale sur un territoire (196 heures).
Le cursus compte aussi 510 heures de stages pratiques, pour lesquels les candidats en situation d’emploi dans le secteur ou en fonction d’encadrement bénéficient d’un allégement de 335 heures.
Du côté de la certification, chacun des quatre modules doit être validé séparément et sans compensation. Outre le contrôle continu, les épreuves comprennent :
- un mémoire sur la conception, la mise en œuvre et l’évaluation d’un mode d’accompagnement ou d’une offre de service ;
- une étude de cas écrite portant sur le management et la gestion des ressources humaines ;
- une épreuve écrite portant sur la gestion économique et financière d’un établissement ou service ;
- une note d’aide à la décision portant sur une problématique sanitaire ou sociale.
À noter. Les titulaires du diplôme d’État d’ingénierie sociale (Deis) ou du certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale (Caferuis) notamment, ainsi que les cadres déjà en poste, peuvent bénéficier d’allégements de formation ou de dispenses d’épreuves de certification.
28 centres agréés
Certifié par l’EHESP, qui organise les épreuves nationales de certification des trois premiers modules, le cursus est dispensé dans 28 centres agréés responsables du quatrième module et du contrôle continu. Ces établissements sont aussi autonomes en matière de pédagogie. Aux candidats donc de choisir en fonction de la situation géographique, mais aussi de leur projet professionnel. D'autant que la réingénierie du diplôme, dont l'entrée en vigueur est envisagée à la rentrée 2023, devrait déboucher sur la mise en place d’une double diplômation, couplant Cafdes et master. Principal intérêt ? Satisfaire aux besoins de compétences des directeurs généraux de structures importantes… mais aussi conjurer la concurrence.Car si le diplôme maintient sa position de titre professionnel de niveau I de référence, il est de plus en plus talonné par les masters proposés par les universités et les grandes écoles, aux coûts souvent plus abordables, et qui peuvent afficher des taux de réussite plus rassurants.
La VAE, une voie astreignante
Depuis l’ouverture à la validation des acquis de l’expérience (VAE) en 2008, 79 % des candidats ont obtenu tout ou partie du diplôme. « Si elle ne nécessite pas de quitter son poste pour se former, la VAE requiert un travail d’analyse profond », prévient Corinne Salmon, responsable du pôle Orientation, conseil et validation des acquis à l’EHESP. Ce cursus est ouvert aux salariés (comme aux non-salariés), mais aussi à des bénévoles, des personnes en situation de volontariat, des élus et des responsables syndicaux ayant rempli une activité en lien direct avec le certificat. Ceux-ci doivent justifier d’une activité cumulée d’un an (1607 heures). Peuvent être prises en compte (pour moins de la moitié des activités) des périodes de formation, d’apprentissage, de mise en situation en milieu professionnel…Le candidat doit être en mesure de prouver qu’il a exercé au moins une activité dans chacun des domaines de compétences du référentiel. En cas de validation partielle, les étudiants ont cinq ans pour obtenir les domaines de compétences manquants, via la VAE, ou en formation continue. Selon l’EHESP, « la VAE intéresse tant les professionnels qui assurent des fonctions de direction (71,38 %) que ceux qui envisagent une mobilité voire une réorientation professionnelle (28,62 %) ».
« Le Cafdes garantit un socle commun »
Elsa Boubert, enseignante et animatrice du réseau Cafdes à l’EHESP
« Ce qui donne au Cafdes toute sa valeur, c’est sa certification nationale. L’animation du réseau des centres de formation par l’EHESP assure un niveau de formation homogène, et le diplôme est délivré par un jury national unique, qui s’assure que les candidats ont satisfait à toutes les épreuves. Pour les organisations, c’est la garantie de disposer de dirigeants aux compétences opérationnelles approfondies sur tous les champs de gestion (droit social, analyse financière, management…). Mais les directeurs ne sont pas seulement attendus sur les connaissances techniques : ils doivent aussi avoir une culture approfondie du secteur. Là aussi, la plus-value du Cafdes est évidente : la connaissance des publics fragiles, l’expertise de l’intervention sanitaire et sociale, font partie intégrante du cursus. Dans un contexte où le recrutement s’ouvre sur des profils hors secteur, cela permet de garantir un socle commun fondamental. » (C. D.)
[1] Évaluation de la réingénierie du Cafdes, cabinet Geste pour la DGCS, novembre 2013
Justine Canonne et Clémence Dellangnol