Vous pointez une menace sur les capacités existantes du logement d’insertion. C'est-à-dire ?
Sébastien Cuny. La Fapil gère, via ses agences immobilières à vocation sociale (AIVS), quelque 11 500 logements en mandat de gestion. Pour convaincre des propriétaires de louer leur bien à bas loyer à des ménages en difficulté, la garantie contre les impayés constitue une incitation primordiale. Or, les outils existants, telle la garantie contre les risques locatifs (GRL), disparaissent en 2016. Et le dispositif Visale [1], qui a vocation à prendre la suite en début d’année, concerne pour l’heure uniquement les logements qui seront nouvellement captés dans le parc privé. D’où un risque de voir les propriétaires actuels se retirer à l’occasion de l’expiration du bail.
Ce, alors que le gouvernement mobilise fortement le logement d’insertion dans le contexte actuel…
S. C. En effet, le plan de résorption des nuitées hôtelières ainsi que les dispositifs prévus pour l’accueil de 30 000 réfugiés supplémentaires en deux ans sollicitent notre secteur de manière significative. Le premier prévoit à lui seul la création de 9000 places en intermédiation locative, soit environ 3000 logements.
Le ministère du Logement vous a-t-il apporté des réponses ?
S. C. Lors d'une rencontre avec le cabinet de la ministre l'été dernier, nous avons souligné l’importance de ces outils de garantie pour la mobilisation du parc privé. Nous avons argué que le nouveau dispositif doit reprendre automatiquement l'intégralité des garanties existantes pour sécuriser les acteurs. Si le gouvernement s'en préoccupe, nous restons à ce jour dans une forte incertitude.
[1] Visa pour le logement et l’emploi
Justine Canonne
Publié dans le magazine Direction[s] N° 136 - novembre 2015