Face à la crise migratoire, le gouvernement a confirmé, le 20 septembre, vouloir évacuer le campement de Calais « très prochainement ». Les conditions de l’opération ont fait l’objet d’une réunion avec les acteurs le même jour. À retenir ? Un diagnostic partagé doit être effectué sur le comptage, la situation personnelle et les besoins des migrants présents sur la lande. « Cet état des lieux, qui va faire l’objet d’un protocole rédigé entre les associations et l’État, doit permettre d’orienter les personnes vers une structure adaptée. Et de préparer les gestionnaires à les accueillir », explique Florent Gueguen, directeur général de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars). Pour les prendre en charge, 9 000 places en centres d’accueil et d’orientation (CAO) [1], repérées par les préfets, vont être ouvertes, a également indiqué le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Ces mesures vont-elles répondre aux besoins ? « Pas vraiment car elles sont essentiellement ciblées sur les CAO, qui doivent rester un sas d’entrée dans le dispositif d’hébergement et de demande d’asile », déplore Florent Gueguen.
Le modèle parisien
La rencontre a aussi été l’occasion pour les associations de réitérer leurs demandes, déjà formulées par courrier fin août à l'intention de l'exécutif [2]. Elles réclament notamment l’ouverture de lieux d’accueil temporaire dans plusieurs métropoles sur le modèle de celui de Paris. Composé de deux sites (l’un installé intra muros qui ouvrira ses portes mi-octobre et l’autre en proche banlieue fin 2016), ce camp humanitaire aura d'abord pour mission d’accueillir les primo-arrivants, avant de les orienter vers une structure d’accueil dans la journée. 800 places d’hébergement, réparties sur les deux implantations, sont également programmées.
Plus globalement, les organisations exigent davantage de places en centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada). « Les 20 000 places créées (dont 6 000 d’ici à la fin 2016) sur l’ensemble du quinquennat ne suffiront pas », estime Florent Gueguen. Qui rappelle l’urgence d’un plan interministériel « intégrant, outre l’hébergement, l’amélioration du premier accueil, de l’accès à la procédure d’asile et une politique d’intégration par le logement, l’emploi et l’éducation ».
[1] Une charte de fonctionnement des CAO a été coélaborée avec les associations, début août.
[2] Signé par douze associations (dont la Fnars, France Terre d’asile, la Fondation Abbé Pierre…)
Noémie Colomb
Publié dans le magazine Direction[s] N° 146 - octobre 2016