La secrétaire d'Etat Christelle Dubos a annoncé, le 24 mars, le lancement d'une « réserve sociale » constituée d’étudiants volontaires en travail social. Il s’agit de prêter main-forte aux structures en manque de personnels et en surcroît d’activité pendant l’épidémie. Sont potentiellement concernés ceux des 40 000 étudiants en travail social non actuellement en stage : éducateurs spécialisés, moniteurs-éducateurs, éducateurs de jeunes enfants, conseillers en économie sociale et familiale, assistants de service social, accompagnants éducatifs et social... « Nous estimons le nombre total d’étudiants volontaires à environ 2 500 », précise Diane Bossière, déléguée générale de l’Unaforis.
Quelles fonctions, quels statuts ?
« Pour des raisons de qualification comme de budget, avant d’avoir recours à la réserve sociale, les structures doivent, en priorité, redéployer en priorité leur personnel dans le cadre de mesures temporaire (article 31 de la CCN66), puis envisager la mise à disposition de personnels entre structures », recommande Julien Lognand, responsable du conseil en droit social chez Nexem.
Ces renforts peuvent avoir deux cadres : stage ou CDD. « Le ministère est clair : les missions de bénévolat, pourtant proposées par certaines structures, n’entrent pas dans ce cadre. Le format du stage ne convient guère mieux, les volontaires ne venant pas en plus, mais pour pallier une absence », pointe Julien Leloup, chargé de développement et responsable de la relation avec les employeurs à l’Institut régional de travail social (IRTS) Ile-de-France Montrouge-Neuilly-sur-Marne. Des positions appuyées par les employeurs.
« Nous préconisons le recours au CDD, pour surcroît temporaire d’activité ou remplacement de salariés absents, ainsi qu’au CDD remplacements multiples », déclare Julien Lognand.
Où trouver ces forces vives ?
Les préfectures ou les directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale ( DRJSCS) sont chargées de faire remonter les besoins, puis de faire le lien avec les centres de formation. La liste des volontaires devait être préparée avant le 24 mars par chacun. Mais la mobilisation peut être inégale selon les régions.
Les interlocuteurs ? La DRJSCS ou directement les instituts de formation. Certains ont mis en place des plateformes de recrutement, où les structures s’inscrivent, en renseignant plusieurs items (type et durée de la mission, profil souhaité etc.). C’est le cas de l'Ecole pratique de service social, à Cergy (Val d’Oise). Le 31 mars, les IRTS Montrouge et Paris Ile de France ont lancé une application de mise en relation visant à être étendue tout le territoire. Les fédérations sont aussi en appui. L’Uriopss Auvergne-Rhône-Alpes a ainsi créé une plateforme de liens entre associations pour échanger par département sur leurs besoins en renforts.
Quelles procédures de recrutement ?
Il convient de privilégier les étudiants les plus avancés dans leur formation et d’adapter les missions à leur niveau d’avancement. « Pour de l’aide aux devoirs ou des missions d’animation, tout étudiant, même de première année, peut convenir. Ce qui n’est pas le cas s’il s’agit de faire un entretien d’évaluation d’une situation de danger familial en action éducative en milieu ouvert », illustre Julien Leloup.
La durée du contrat ou de la convention dépend du motif. Pour un remplacement, on se calera sur l’absence des salariés remplacés. S’il s’agit d’un surcroît temporaire d’activité, la durée est à la libre appréciation de l’employeur, quitte à renouveler ce CDD (jusqu’à deux fois). Le coefficient de départ sera au minimum au niveau du SMIC. « Mais les grilles salariales prenant en compte l’ancienneté, l’expérience peut être valorisée », pointe Julien Lognand.
Une formation, même courte, s’impose, pour s’assurer une vigilance maximale des volontaires sur les consignes sanitaires et d’hygiène. Il faudra aussi les sensibiliser à un mode d’organisation exceptionnel. Le dispositif pourrait avoir vocation à être pérennisé au-delà de la crise actuelle, pour constituer une réserve sociale permanente bienvenue pour tous.
Catherine Piraud-Rouet