En matière de chômage de longue durée, il est urgent de… ne pas se précipiter, semblaient conclure les partenaires sociaux réunis le 9 septembre dernier pour fixer leur agenda social des douze prochains mois. Seule action notable retenue ? « Réaliser un bilan des politiques d’insertion professionnelle afin d’identifier les actions les plus efficaces, puis prendre une décision, avant la fin du mois d’octobre, sur les modalités de la mobilisation. » Un niveau d’implication bien loin d’être à la hauteur de l'urgence et des besoins, estime le collectif Alerte. « Au sortir de la dernière conférence sociale, nous étions très satisfaits car nous avions obtenu des engagements très fermes, rappelle Bruno Grouès, son coordinateur. Le président de la République avait même érigé le sujet en cause nationale et repris notre idée d’un accord national interprofessionnel (ANI). Nous comptions ensuite sur le travail collectif mené avec les partenaires sociaux et les collectivités territoriales pour traduire cette ambition. » Une douche tiède, à défaut d’être complètement froide ?
Un ANI mort-né ?
Les associations de solidarité avaient cependant tenté de baliser le terrain en réunissant les principales organisations patronales et syndicales représentatives le 8 septembre, afin de définir très tôt les enjeux du débat. Et n’avaient pu, déjà, que constater l’absence de consensus total. « Nous butons sur l’ampleur des actions à mener et sur la capacité de chacun à s’engager, déplore Alexandre Bonjour, secrétaire général de la fédération Coorace. Pourtant, il est nécessaire de changer d’échelle, car nous comptons tous les jours entre 10 000 et 30 000 demandeurs d’emploi supplémentaires, dans un contexte où la structuration du chômage touche des catégories entières, comme les jeunes, les femmes, les seniors et les migrants. Il faut donc innover dans les solutions et valoriser toutes les actions existantes. Les réponses ne peuvent être que collectives. » Afin de faire pencher la balance, les professionnels entendent prendre toute leur place dans les réflexions en cours.
Simple délibération entre les partenaires sociaux, concertation multipartite ou ANI ? Les trois options semblent sur la table, croit savoir Alerte. Qui compte bien, le cas échéant, rappeler à l’État ses responsabilités tant, ces dernières années, « les grands accords sociaux ont aussi vu le jour sous sa pression ».
Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 124 - octobre 2014