Guillaume Quercy, président de l’UNA
Pourquoi ce choix ?
Guillaume Quercy. En ne prévoyant pas la réunion de tout le secteur dans un même Opco, le rapport Marx-Bagorsky [1] nous a placés devant un choix cornélien. Notre décision est le fruit d’une réflexion stratégique de long terme. « Ma santé 2022 », Stratégie nationale de santé… Les projets d’organisation et de planification actuels vont tous dans le sens du décloisonnement (entre établissements et services, sanitaire et médico-social…). En outre, tout le monde reconnaît que le domicile doit en être la pierre angulaire. Relever ces défis dans les cinq à dix ans nécessite une maison commune pour les établissements et services qui, sur les territoires, s’hybrident déjà en faveur de l’intérêt général. Ces derniers ont d’ailleurs compris qu’ils ne pourraient seuls préparer le « modèle d’après ». Nous réunir dans un Opco Santé, au sens de l’OMS, est le plus cohérent en termes d’offres, de politiques publiques, de transformation des territoires et de parcours professionnels. Enfin, l’aide à domicile, pourtant essentielle, est depuis trop longtemps méprisée – il n’y a qu’à voir l’impasse dans laquelle elle se trouve ! Y remédier ne sera possible qu’en étant présent là où les décisions se prennent.
Vos collègues de la BAD ont, quantà eux, choisi l’Opco Cohésion sociale. Une possible incidence sur la branche ?
G. Q. J’entends leurs arguments. Mais une telle option de court terme nous demanderait ensuite une énergie folle pour dépasser les cloisonnements. Rappelons qu'après la parution du rapport, nous les avons sollicités, en vain, pour continuer à défendre un Opco Santé, Cohésion sociale et Autonomie qui reste de loin la meilleure solution ! Nous sommes certes face à des divergences stratégiques, tactiques et politiques, mais ce n’est pas une crise de la BAD. Assumer des désaccords sans remettre en cause notre volonté de travailler ensemble est un signe de maturité.
Quels sont les scénarios possibles ?
G. Q. Pour l’heure, les décisions relèvent du paritarisme de branche – notons d’ailleurs que les syndicats sont aussi divisés. Ensuite, l’État tranchera entre ces deux Opco, dont la coexistence est une aberration. D’ici là, chacun tentera de convaincre de la pertinence de sa solution. Le temps presse. Avec les représentants des établissements [2], nous avons donc écrit au ministère pour dire combien la situation était intenable et défendre notre position. Quelle que soit l’option retenue, nous y trouverons tous notre place et nous mettrons au travail.
[1] « Les opérateurs de compétences : transformer la formation professionnelle pour répondre aux enjeux de compétences », rapport à la ministre du travail, août 2018
[2] Fehap, FHP, Nexem, Croix-Rouge française, Synerpa et Unicancer.
Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 170 - décembre 2018