Comment les entreprises adaptées (EA) traversent-elles la crise ?
Sébastien Citerne. Elles ont été atteintes à des degrés divers selon leur secteur d’activité. Si les plus touchées sont liées à l’infrastructure aéronautique, la spécificité du modèle des EA, en « multiactivités », a souvent permis d’amortir les difficultés. Certaines ont même réussi à tirer leur épingle du jeu en se repositionnant sur des activités de textile (fabrication de masques), de conditionnement de gels hydroalcooliques, voire de propreté, compte tenu du besoin massif de désinfection.
Les 100 millions d’euros allouées aux EA dans ce dispositif ne sont-ils pas des crédits nouveaux ?
S. C. Non. Les EA ayant eu recours au chômage partiel durant le confinement n’ont pas reçu les aides au poste versées pour chaque heure travaillée. L’idée était de réallouer ces crédits pour soutenir le secteur. Et de le faire vite pour ne pas obérer leur trésorerie. Sur ce point, on ne peut que regretter la publication tardive de l’instruction, en plein été, alors que le dispositif est bouclé depuis le mois d’avril !
Le premier volet portant sur les aides d’urgence est désormais clos. En quoi consiste le second ?
S. C. C’est l’axe « relance » du dispositif. Il vise à conforter la transformation des EA engagée l’an dernier, qui peut nécessiter un repositionnement et une diversification de leurs activités. Sur la base de projets présentés jusqu’au 1er novembre, ce plan peut d’abord permettre aux gestionnaires d’être accompagnés dans les investissements indispensables à leur développement et à leur diversification. Il peut aussi appuyer des missions de conseil pour ceux qui pourraient avoir besoin d’agir sur leur stratégie d’entreprise, ou même définir comment se lancer dans les dispositifs expérimentaux de type CDD Tremplin ou EA de travail temporaire. Enfin, un accompagnement à la dynamique commerciale peut aussi aider à mobiliser les outils permettant de gagner en visibilité sur leur territoire.
Vous soulignez toutefois un point de vigilance en matière d’investissement ?
S. C. Aujourd’hui, les textes stipulent que les investissements ne peuvent commencer avant le dépôt de toute demande d’aide. Or, cette logique reviendrait à exclure les opérations réalisées pendant la crise ! Nous attendons donc un assouplissement urgent sur cet aspect, faute de quoi les structures engagées pour sauvegarder l’emploi seraient pénalisées.
Instruction DGEFP/SDPAE/MIP-METH/2020/140 du 14 août 2020
[1] Ainsi que celles de l’insertion par l’activité économique (IAE).
Propos recueillis par Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 190 - octobre 2020