Lancée en février dernier, la concertation pour moderniser les établissements et services d’aide par le travail (Esat) a rendu son verdict mi-mai. « Une transformation positive en perspective avec de nouveaux droits pour les travailleurs handicapés et des évolutions de carrière pour les professionnels de ces structures », se réjouit Patrick Maincent, vice-président de l’Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales, et de leurs amis (Unapei).
Parmi les propositions ? Rendre obligatoires la complémentaire santé et la prévoyance pour les travailleurs accom-pagnés, autoriser les établissements à financer des postes de conseiller d’insertion sur leur budget social et garantir la participation de l’État au déploiement de job coachs. Deux postes qui seraient reconnus par un titre professionnel.
Davantage de souplesse
Pour revoir le modèle économique, autre objectif phare de la concertation, plus de souplesse serait introduite. Le calcul de l’aide au poste serait, par exemple, annualisé, avec une régularisation en fonction du réalisé, de façon à prendre en compte les variations d’activité.
Exit aussi l’orientation en milieu protégé, place au « parcours renforcé en emploi » pour que les personnes puissent évoluer vers une entreprise adaptée (EA) ou ordinaire sans nouvelle décision de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH). « Une orientation validée sur un temps plus long qui permettra un réel droit de retour », salue Jean-Louis Leduc, directeur général de l’Association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh). Les deux organisations se disent ainsi rassurées sur le lien entre milieux ordinaire et protégé, sujet à crispations. L’inscription à Pôle emploi serait
possible sans devenir pour autant obligatoire et les Esat rebaptisés « établissements et services d’accompagnement par le travail ». « Et non pas vers le travail comme envisagé initialement », glisse Patrick Maincent, qui aimerait encore une amélioration : le retrait de la sortie vers le milieu ordinaire comme indicateur.
Satisfecit donc, mais aussi prudence puisque ces engagements nécessitent des arbitrages, qui seront rendus lors du Comité interministériel du handicap (CIH) en juillet. « Nous serons attentifs aux décisions budgétaires comme le montant du fonds de soutien pour permettre aux Esat de passer de la sous-traitance à des activités propres. Les mesures qui font peser de nouvelles obligations sur les gestionnaires ne pourront se faire à moyens constants », prévient Jean-Louis Leduc. Surtout dans le contexte sanitaire ? « Les résultats en 2020 restent corrects au regard de la crise, tempère-t-il. Les aides du gouvernement ont joué leur rôle d’amortisseur. »
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 198 - juin 2021