Nathalie Canieux, secrétaire générale de la CFDT Santé sociaux
Un taux d’évolution de la masse salariale de 1,4 % pour l'ensemble des conventions collectives du secteur privé non lucratif en 2015. L’annonce lors de la conférence salariale du 2 février, aurait pu apparaître comme une bonne surprise. Et pourtant. Indications préalables de la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) :« Ce taux directeur doit permettre aux partenaires sociaux de tirer pleinement les effets du pacte de responsabilité et de mobiliser l’ensemble des marges issues des exonérations de cotisations sociales ». Lesquelles doivent se traduire par une économie de 0,67 % de la masse salariale d’après les calculs de l’administration.
Peu de marges de manœuvre
« Un pacte de responsabilité dont on ne verra jamais la couleur », tonne Michel Rollo, président de la fédération CFTC Santé sociaux, pour qui le rendez-vous annuel prend « des allures de mascarade ». Car une fois retirés la part correspondant au pacte ainsi que le glissement vieillissement technicité (GVT), les marges de manœuvre sont faibles selon les représentants des salariés. « Il ne reste rien pour la politique salariale, ou si peu », lâche Nathalie Canieux, secrétaire générale de la CFDT Santé sociaux. Dénonçant la perte continue de pouvoir d’achat des personnels depuis plusieurs années, la Fnas-FO a d’ailleurs boycotté à nouveau la séance.
Côté employeurs, la pilule ne passe pas non plus. Dans la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale (Bass), le Syneas dénonce, sur la base de ses propres calculs, « une augmentation largement insuffisante ». Pour le secteur de l’aide à domicile, Yves Vérollet, directeur général du réseau UNA, résume : « Il n’y a pas de miracle à attendre pour 2015. D’autant que l’incertitude demeure sur les 25 millions d’euros de la contribution additionnelle de solidarité pour l'autonomie (Casa) promis par le gouvernement afin de compenser le coût pour les départements de la revalorisation du point obtenue en 2014 » [1].
Un calendrier critiqué
C'est même la méthode et le calendrier qui sont à nouveau fustigés. La conférence salariale « est une simple chambre d’enregistrement », soupire Nathalie Canieux, qui exige un agenda calé sur la préparation des lois de finances. « À quoi sert la conférence si c’est pour nous énoncer ce qui est déjà entériné ?, tempète Michel Rollo. Ce n’est pas du dialogue social. »
[1] Lire Direction[s] n° 127 p. 6
Justine Canonne
Publié dans le magazine Direction[s] N° 129 - mars 2015