Titre de niveau I, le diplôme d’État d’ingénierie sociale (Deis) est destiné aux professionnels à la charnière des fonctions de recherche et développement ainsi que d’animation de dispositifs : expertise, conseil, conception de projets, évaluation. Les chargés de mission, chefs de projet et autres conseillers techniques disposent ainsi d’une formation ad hoc. Son objectif ? Accompagner la progression de ces profils dans les organisations sociales et médico-sociales et le champ de l’intervention sociale en général.
Ressources humaines et prospectives
Le Deis vise le perfectionnement de ceux dont la fonction d’encadrement nécessite « de solides compétences analytiques et méthodologiques pour concevoir l’action et l’organiser, et les besoins de qualification de ceux qui postulent à des responsabilités engageant l’orientation et la décision, relatives à leur mission, dans une perspective de développement », notent les auteurs d’une évaluation de la réingénierie du diplôme, menée pour la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS).
Principaux attraits du diplôme ? L’accent mis sur la recherche et la prospective, ainsi que le niveau I de qualification pour un coût moins élevé que le certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service d’intervention sociale (Cafdes). Le prix de la formation est en moyenne de 12 000 euros ; le plus souvent, elle est financée sur le compte personnel de formation (CPF), via le projet de transition professionnelle.. « Les étudiants qui optent pour le Deis ne le font pas par défaut ; il s’agit d’un véritable choix pour des personnes qui ne veulent pas se laisser enfermer dans des fonctions assignées », insiste Corinne Hommage, responsable de formation à l’Institut régional du travail social (IRTS) Nouvelle-Aquitaine.
Un double cursus
Le Deis s’inscrit dans le cadre d’une convention entre un organisme de formation et l’université ou un établissement d’enseignement supérieur. Son véritable plus ? L’articulation avec un master, soit pour les étudiants la possibilité de suivre un double cursus, afin d’allier cultures universitaire et professionnelle.
Pour entrer en formation, les candidats doivent justifier d’un diplôme ou titre au moins de niveau II. En deçà, ils disposent d’une expérience professionnelle dans le champ de l’intervention sociale (trois ans pour un diplôme de niveau III du secteur social, cinq ans pour un diplôme paramédical délivré par l’État). Tous se conforment à la procédure d’admission de l’établissement (dossier et entretien).
La formation menant au Deis court sur six semestres maximum. Elle comprend 700 heures d’enseignement théorique, structurées en trois domaines de formation :
- production de connaissances ;
- conception et conduite d’actions ;
- communication et ressources humaines.
S’y ajoutent 175 heures de pratique sous la forme d’une étude de terrain (cinq semaines), réalisée collectivement et organisée dans le cadre d’une convention entre l’établissement de formation et le site d’accueil. Celle-ci vise la production d’une analyse à dimension prospective des projets, des programmes d’action ou des démarches évaluatives sur une proposition formulée par une organisation du secteur. Elle fait partie des trois épreuves permettant l’obtention du Deis. Les deux autres consistent en la rédaction d’un article de synthèse et la soutenance d’un mémoire de recherche à vocation professionnelle.
À noter. Les titulaires du Cafdes et du Caferuis sont dispensés d’un des domaines et bénéficient d’une formation allégée pour les deux autres.
Accessible par la VAE
Le Deis est ouvert à la validation des acquis de l’expérience (VAE). Le candidat doit alors justifier de l’exercice d’une activité salariée, non salariée ou bénévole pendant trois ans en équivalent temps plein, en rapport direct avec le référentiel professionnel. C’est-à-dire relevant des trois fonctions suivantes : expertise et conseil, conception et développement, évaluation. Le livret I de recevabilité est à retirer auprès de l’Agence de services et de paiement.
Un cursus « d’une grande exigence intellectuelle »
Sarah Bessière, cheffe de service, association Novavie
« Éducatrice spécialisée, je souhaitais évoluer vers un poste d’encadrement. J’ai découvert le Deis grâce aux collègues du centre de formation dans lequel j’intervenais ponctuellement. Ce qui m'a plu ? L’exigence intellectuelle. Il s’agit de développer une lecture prospective des politiques publiques, et de les articuler avec le niveau opérationnel. La formation m’a confortée dans ma vision du travail social, l’importance de s’ouvrir au-delà du champ institutionnel, de coopérer et développer des partenariats. La partie pratique est aussi très étonnante : ce n’est pas un stage, mais une étude de terrain. On y apprend à gérer une équipe projet, à manager par la compétence, dans une démarche de développement social ou territorial. Comme c’est un diplôme de niveau I, il peut ouvrir vers des postes de direction, voire de direction générale. À condition que la perception des employeurs évolue… Pour l’instant, le Deis est encore mal connu. Et les organisations ne sont pas toutes assez matures pour intégrer cette fonction support transversale. C’est pourquoi certains diplômés préfèrent s’établir à leur compte comme chargés de mission ou consultants. » (C. D.)
Noémie Gilliotte avec Justine Canonne