Conférence nationale du handicap, le 11 février 2020 à l'Élysée © Ghislain Mariette/Présidence de la République
Plus vite et plus fort. Pour la cinquième Conférence nationale du handicap (CNH), organisée le 11 février, jour anniversaire de la loi de 2005, le chef de l’État a réaffirmé combien le handicap reste une priorité. Et annoncé 12 engagements pris pour la fin du quinquennat (dotés de 600 millions d’euros). En matière de scolarisation d’abord, 11 500 accompagnants AESH seront recrutés, et leurs conditions d’emploi réfléchies au sein d’une instance spécifique. L’ambition ? « Qu’aucun enfant sans solution ne puisse exister en septembre prochain », a fixé Emmanuel Macron. 45 unités d’enseignement autisme supplémentaires sont promises, comme l’extension du forfait d’intervention précoce aux moins de 12 ans atteints de troubles du neuro-développement.
Un nouveau marqueur ?
Par ailleurs, un numéro unique d’appui dédié à l’accompagnement et l’accès aux droits sera mis en place en 2021 avec, au bout du fil, l’une des futures 400 équipes de proximité. 1000 places seront aussi ouvertes dans les régions prioritaires [1] pour enrayer les départs contraints en Belgique « d’ici à la fin 2021 » et 2500 places en structures pour « accompagner les transitions ». À noter encore la prise en compte des besoins liés à la parentalité et à l’aide à l’alimentation dans la prestation de compensation du handicap (PCH) ou encore le futur débat sur l’accompagnement à la vie affective et sexuelle.
Des mesures globalement saluées par les acteurs, qui n’ont toutefois pas manqué de déplorer les carences en matière d’accessibilité comme de handicap psychique « grand impensé » de la CNH [2]. « Le volontarisme politique du chef de l’État fera sans doute du 11 février 2020 un marqueur, avance le directeur général d'APF France handicap, Prosper Teboul. Ce qui, du coup, crée aussi beaucoup d’attentes… »
Portage collectif
Au-delà, l’événement a permis aux départements et associations de s’accorder avec l’État sur une série d’engagements réciproques, bientôt déclinés au sein de deux accords de méthode. Une première au niveau national, de mémoire d’APF France Handicap. « C’est le résultat du climat de confiance et de respect mutuels existant entre les parties prenantes, se félicite-t-on à l’Assemblée des départements de France (ADF). Cela nous a permis de travailler sur le fond, notamment sur les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) pour améliorer l’accès aux droits, en vue de réponses toujours plus adaptées. »« Reconnaissance de l’expertise médico-sociale, coconstruction, équité territoriale… Tous les engagements pris constituent une dynamique positive pour œuvrer à la transformation de l’offre sur la base du scénario validé pour la réforme tarifaire Serafin-PH [3] », conclut Prosper Teboul.
[1] Ile-de-France, Hauts de France et Grand-Est.
[2] Estiment Aire, Santé mentale France, l'Unafam et l'Uniopss.
[3] Lire Direction[s] n° 181, p. 4
Gladys Lepasteur
Pas de dilution de l’AAH dans le RUA
« Jamais l’allocation aux adultes handicapés (AAH) ne sera transformée, diluée, supprimée au bénéfice du revenu universel d’activité (RUA)», a recadré Emmanuel Macron lors de la CNH. « C’était une clarification importante pour les départements, préoccupés par les contours de cette prestation », indique l’ADF. De quoi rassurer aussi les organisations représentatives qui, une semaine plus tôt, avaient quitté la concertation, qualifiée de « simulacre » ? « Même si de nombreuses questions subsistent, notamment sur l’articulation entre AAH et RUA, il n’y a plus aucune raison de ne pas y retourner », relève APF France handicap. Prochaine étape ? La remise des fruits des travaux d’ici à l’été.
Publié dans le magazine Direction[s] N° 184 - mars 2020