Quel sera à l'avenir le fil rouge de l’action de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ?
Catherine Sultan. Réussir la continuité des parcours des jeunes confiés à la PJJ constitue l’axe principal autour duquel nous devons nous organiser. L’objectif est d’éviter les ruptures institutionnelles et de parvenir à une individualisation des réponses. C’est une autre manière de parler de l’ambition éducative de la justice des mineurs que nous a confiée le législateur. Nos orientations ont été élaborées sur la base d’un état des lieux mené de manière participative, entre novembre 2013 et janvier 2014, dans les territoires comme dans les unités éducatives, et transmis à nos partenaires (conseils généraux, magistrats, secteur associatif habilité – SAH,…). Il en ressort avant tout une forte attente et un engagement des professionnels qui semblent se retrouver dans le cap que j’ai fixé sur la base de ce diagnostic, des conclusions du rapport du sénateur Jean-Pierre Michel [1] et du projet politique porté par la ministre. Celui-ci s’inscrit d’abord dans l'intérêt fondamental des mineurs et de leur famille.
Quels leviers comptez-vous actionner pour y parvenir ?
C. S. Le milieu ouvert sera positionné comme le centre de gravité des prises en charge : il est le mieux placé pour éviter les incohérences que les institutions peuvent engendrer. La diversification de la palette de réponses éducatives sera également une priorité, qui nécessitera sur le terrain un travail en coordination avec le SAH, en particulier. Plus généralement, nous devrons travailler sur les pratiques professionnelles, sur les relations avec nos partenaires mais également sur la gouvernance. Ce projet d’orientation global, portant à la fois sur nos métiers et les ressources humaines, intègrera aussi la question des choix budgétaires qui y sont liés.
Le troisième projet stratégique national (PSN 3) est-il enterré [2] ?
C. S. Sa fin était de toute façon programmée pour 2014. J’ai décidé de donner de nouvelles orientations en matière d’action éducative : cette dynamique forte est davantage le signe d’une réorientation de nos priorités institutionnelles que d’une rupture. D’ailleurs, certaines actions du PSN 3, comme celles relatives à l’accompagnement de l’encadrement, pourraient trouver leur place dans le futur programme de travail opérationnel qui sera joint, en septembre, à la note d’orientation finale.
[1] Lire Direction[s] n° 118, p.10
[2] Lire Direction[s] n° 88, p. 22
Propos recueillis par Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 122 - juillet 2014