Début septembre, quelque 9 000 étudiants de première année ont entamé leur formation dans le cadre des nouveaux diplômes en travail social, promus au niveau II. Enjeux de cette réingénierie, entérinée dans son principe depuis 2015 ? Valoriser le travail social, favoriser les progressions de carrière via un socle commun, mais aussi mieux prendre en compte l’évolution du secteur dès la formation initiale : participation des personnes accompagnées, utilisation des outils numériques, développement social, actions collectives… De fait, en quinze ans, les cadres d’intervention ont été bouleversés, entre exigence d’individualisation et risque de standardisation des pratiques. Au point pour certains d’éprouver le sentiment de s’éloigner de leurs valeurs et de douter du sens de leur action. Conjugués à la complexité des prises en charge des personnes accueillies, au manque de personnel et aux tensions budgétaires, ces changements ont fini par peser sur les conditions de travail et sa pénibilité : en 2017 encore, la sinistralité du médico-social dépassait celle du BTP. Dommage collatéral ? Un déficit d’attractivité du secteur, amplifié par des politiques salariales très contraintes, alors qu’il doit se préparer à un important renouvellement de ses effectifs. Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), effort de qualification (en particulier sur les premiers niveaux), prévention de l’usure professionnelle, anticipation des risques psychosociaux, sans oublier la réforme à venir de la filière managériale… Pour les employeurs, le chantier s’annonce de longue haleine.
Didier Dubasque, membre du Haut conseil en travail social
« Malgré les craintes liées à la robotisation, le poids des logiques institutionnelles ou les comportements consuméristes, je reste assez optimiste pour le travail social. La multiplicité des savoirs des professionnels leur donne une grande adaptabilité. On a trop voulu en faire des techniciens : il leur faut revenir à l’essence même du travail social, être des passeurs qui permettent aux personnes de réaliser leur vie. Ne laissons pas sous-estimer leur potentiel et leur niveau de compétences, laissons-leur assez de responsabilités et d’autonomie. »
1. Fluidifier les parcours des usagers jusqu’au milieu ordinaire
2. Coconstruire les politiques territoriales
3. Associer les usagers sur un pied d'égalité
4. Coopérer pour sécuriser l'offre
5. Trouver les moyens financiers d'agir
6. Accompagner la perte d'autonomie demain
7. Lutter contre la pauvreté sans oublier les jeunes
8. Retrouver la parole associative
9. Protéger les droits des exilés
10. Mobiliser les troupes demain
11. Développement durable : s'engager avec énergie
12. Continuer à manager dans le public
13. Intégrer la révolution numérique
14. Innover pour avancer
15. Diffuser le modèle de l'ESS
Clémence Dellangnol, Aurélia Descamps, Aude Mallaury et Pascal Nguyên
Publié dans le magazine Direction[s] N° 168 - octobre 2018