La participation des personnes accompagnées est au cœur des axes de travail du plan d’action en faveur du travail social de 2015. Mais les usagers n’ont pas été associés à son comité de suivi… L’anecdote illustre bien l’ambivalence du secteur sur le sujet. Érigée depuis la loi dite 2002-2 au rang de principe cardinal de l’accompagnement, l’idée de la participation individuelle et collective des usagers fait l’unanimité sur le papier. Mais sa concrétisation reste insuffisante et malaisée. Conseils de la vie sociale (CVS), enquêtes de satisfaction, groupes d’expression… Les outils sont bien en place dans les structures. Et en quelques années, nombre d’initiatives ambitieuses ont vu le jour (conférences des familles, séminaires communs avec les professionnels, contribution à la définition des politiques publiques…). Il manque pourtant un « travail de fond », observe Philippe Lebailly, directeur pédagogique du centre de formation Érasme, à Toulouse : « On “fait avec” les personnes, mais on n’en est pas encore à les traiter sur un pied d’égalité. » Preuve en est la réticence des équipes à reconnaître et intégrer l’expertise d’usage, perçue comme une remise en cause des savoirs professionnels. La participation de personnes ressources à la formation initiale et continue des intervenants sociaux, comme le recommande le réseau des acteurs de formation Unaforis, pourrait soutenir une telle évolution. Prochaine étape ? « Développer des approches plus globales, appuyées sur des collectifs portant une parole élaborée, dans une perspective de développement social local », estime Philippe Lebailly.
Fatouma Diop, membre du 8e collège du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion (CNLE)
« Avant d’y siéger sur proposition des Petits Frères des pauvres, je ne connaissais même pas le CNLE. Désormais, je suis convaincue qu’il faut être présent partout où se prennent des décisions pour les personnes fragiles. Les élus et les professionnels parlent de situations qu’ils ne connaissent pas directement. Pour nous, c’est du vécu. En réunion, notre parole a la même valeur que celle des personnalités. Le travail que cela exige vaut la peine : je me sens utile, en mission, et ça me redonne beaucoup d’énergie ! »
1. Fluidifier les parcours des usagers jusqu’au milieu ordinaire
2. Coconstruire les politiques territoriales
3. Associer les usagers sur un pied d'égalité
4. Coopérer pour sécuriser l'offre
5. Trouver les moyens financiers d'agir
6. Accompagner la perte d'autonomie demain
7. Lutter contre la pauvreté sans oublier les jeunes
8. Retrouver la parole associative
9. Protéger les droits des exilés
10. Mobiliser les troupes demain
11. Développement durable : s'engager avec énergie
12. Continuer à manager dans le public
13. Intégrer la révolution numérique
14. Innover pour avancer
15. Diffuser le modèle de l'ESS
Clémence Dellangnol, Aurélia Descamps, Aude Mallaury et Pascal Nguyên
Publié dans le magazine Direction[s] N° 168 - octobre 2018