L’objectif de « 3 000 associations ou groupements » avait été évoqué au doigt mouillé en 2008 dans le rapport parlementaire préfigurant la mise en place des agences régionales de santé (ARS). Dix ans et quelques crispations plus tard, le mouvement de concentration des organismes gestionnaires s’est bien enclenché, même si plus personne ne tient le chiffre pour réaliste ou même pertinent. Fruit d’une injonction assumée ou d’une « impulsion subliminale insistante des financeurs », selon la formule d’un directeur, « l’évolution des mentalités a bien eu lieu », constate Marc Bourquin, directeur de l’autonomie à l’ARS Ile-de-France. Dans la branche associative sanitaire, médico-sociale et sanitaire (Bass) par exemple [1], bien qu’elles représentent toujours les deux tiers du secteur, les associations mono-établissement refluent (–7 % par rapport à 2012) au profit de structures qui s’élargissent au niveau régional, voire interrégional. Exigences de technicité, contraintes réglementaires en perpétuelle évolution, logique de parcours et de partenariat, fin de la reprise des déficits réduisant les marges de manœuvre… L’avenir des petites structures isolées semble fragilisé. « Mais le sens premier de cette démarche reste de sécuriser l’offre », insiste Marc Bourquin. Au risque de la bureaucratisation, de la standardisation et de l’assèchement des initiatives ? Pas forcément, à condition que les « petits et moyens opérateurs » se montrent « plus proactifs » pour se rapprocher. Sans attendre d’y être contraints et de se voir absorbés par un mastodonte qu’ils n’auraient pas choisi, dans un secteur où, Marc Bourquin en est convaincu, « le gigantisme ne paie pas ».
[1] Enquête emploi de l’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications et du fonds formation Unifaf, 2017
Marc Marhadour, directeur général de l’association gestionnaire Adapei 44 (Loire-Atlantique)
« On a beaucoup débattu de la taille critique des organisations. Si celle-ci ou leur forme juridique deviennent le moteur, on se contente de fabriquer des jeux de pouvoir sans intérêt. Toute coopération doit servir un projet. Notre aiguillon doit être l’utilité sociale. Tant que le service rendu est de qualité, il y a de la place pour tout le monde. Dans ces conditions, le rôle des grandes organisations est de fédérer les autres, sans les absorber mais en organisant les énergies. »
1. Fluidifier les parcours des usagers jusqu’au milieu ordinaire
2. Coconstruire les politiques territoriales
3. Associer les usagers sur un pied d'égalité
4. Coopérer pour sécuriser l'offre
5. Trouver les moyens financiers d'agir
6. Accompagner la perte d'autonomie demain
7. Lutter contre la pauvreté sans oublier les jeunes
8. Retrouver la parole associative
9. Protéger les droits des exilés
10. Mobiliser les troupes demain
11. Développement durable : s'engager avec énergie
12. Continuer à manager dans le public
13. Intégrer la révolution numérique
14. Innover pour avancer
15. Diffuser le modèle de l'ESS
Clémence Dellangnol, Aurélia Descamps, Aude Mallaury et Pascal Nguyên
Publié dans le magazine Direction[s] N° 168 - octobre 2018