Malgré l’urgence démographique (un tiers de la population française aura plus de 60 ans en 2050), il aura fallu la pression de la rue pour réinstaller la question de la prise en charge du vieillissement dans le débat public. Au point de voir resurgir le chantier du cinquième risque, abandonné depuis dix ans. Avec quelles chances d’aboutir ? Le gouvernement a exprimé le souhait d’une loi courant 2019. Les gestionnaires, quant à eux, espèrent une discussion d’ampleur. Quel accompagnement de la perte d’autonomie ? Quel socle de soins et de services ? Avec quels personnels ? Et surtout, quels financements ? Si la neutralisation des effets de la convergence tarifaire dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) a contribué à calmer (provisoirement ?) les esprits, le modèle apparaît de plus en plus inadapté à l’évolution des publics accueillis. Plateformes socio-sanitaires, Ehpad comme centres ressources du territoire, logement inclusif, accueil temporaire…, les pistes ne manquent pas. Et aiguisent d’autant plus les appétits d’acteurs, notamment lucratifs, décidés à prendre des parts sur ce qui représente un marché de taille. Les services d’aide et de soins à domicile (Saad), pour leur part, se sentent toujours les grands oubliés du débat. Fragilisés par un sous-financement chronique, peinant à recruter, ils dénoncent notamment l’occasion manquée de la loi d’adaptation de la société au vieillissement (ASV), qui donnait pourtant la priorité au domicile et réaffirmait la volonté des pouvoirs publics de proposer aux personnes âgées une réelle liberté de choix. Le débat à venir répondra-t-il à leurs enjeux ?
Catherine Bouffard-Bertrand, directrice générale de l’association La Vie à domicile, à Mérignac (Gironde)
« Penser à long terme est absolument nécessaire. J’espère que le débat ne passera pas à côté des enjeux qui nous préoccupent maintenant : plans d’aide et modalités d’intervention pratiquement réduits au service minimum, usure des professionnels, difficultés d’embauche… Les pistes existent. Il est encore temps de sauver le domicile grâce à une vraie réforme de sa tarification. Je crois beaucoup au modèle des services polyvalents d’aide et de soins à domicile (Spasad), pour peu que des moyens soient consacrés à la coordination. »
1. Fluidifier les parcours des usagers jusqu’au milieu ordinaire
2. Coconstruire les politiques territoriales
3. Associer les usagers sur un pied d'égalité
4. Coopérer pour sécuriser l'offre
5. Trouver les moyens financiers d'agir
6. Accompagner la perte d'autonomie demain
7. Lutter contre la pauvreté sans oublier les jeunes
8. Retrouver la parole associative
9. Protéger les droits des exilés
10. Mobiliser les troupes demain
11. Développement durable : s'engager avec énergie
12. Continuer à manager dans le public
13. Intégrer la révolution numérique
14. Innover pour avancer
15. Diffuser le modèle de l'ESS
Clémence Dellangnol, Aurélia Descamps, Aude Mallaury et Pascal Nguyên
Publié dans le magazine Direction[s] N° 168 - octobre 2018