Votée au cœur de l’été, la dernière réforme de l’asile aura été, tout au long de son parcours parlementaire, largement dénoncée par les associations comme l’instrument d’une « logique de contrôle » à l’égard des exilés. Un phénomène que les professionnels disent déjà vivre sur le terrain, à travers la superposition croissante de dispositifs qui tendent à orienter et héberger les publics selon leur situation administrative (demandeurs d’asile « Dublinés », déboutés…). « La part grandissante de l’administratif, au détriment d’un accompagnement social de plus en plus mis à mal interroge, pointe Anne Babout, responsable juridique à la Coordination de l’accueil des familles demandeuses d’asile (Cafda). Or, la mission des associations n’est pas de participer à ce contrôle, ni à ce tri. » Quelle marge de manœuvre reste-t-il alors aux gestionnaires et aux équipes ? « Se mobiliser collectivement, résister aux pressions financières et administratives, propose Clémence Richard, responsable de la thématique Expulsions à la Cimade. Et surtout affirmer la primauté du Code de l’action sociale et des familles, cadre d’intervention des travailleurs sociaux, malgré la mainmise du ministère de l’Intérieur sur les questions d’asile et d’immigration. » Autre cheval de bataille pour les professionnels ? Rester vigilants quant à l’accueil des mineurs non accompagnés (MNA), dont la protection au titre de l’enfance en danger et l’intégration effective constituent des enjeux de taille, dans le contexte du bras de fer financier récurrent entre État et départements pour leur évaluation et leur prise en charge.
Carole Bouteille Van Den Besselaer, directrice d’un dispositif Huda-CAO à Villars-les-Dombes, géré par la Sauvegarde de l’Ain
« Permettre aux personnes de se sentir chez elles, rendre leur séjour le plus humain possible pour supporter l’attente, accompagner leur fort désir d’intégration… Mon rôle comme directrice est de favoriser les initiatives de partage, en déconstruisant les préjugés et en valorisant les ressemblances plutôt que les différences avec la communauté d’accueil. »
1. Fluidifier les parcours des usagers jusqu’au milieu ordinaire
2. Coconstruire les politiques territoriales
3. Associer les usagers sur un pied d'égalité
4. Coopérer pour sécuriser l'offre
5. Trouver les moyens financiers d'agir
6. Accompagner la perte d'autonomie demain
7. Lutter contre la pauvreté sans oublier les jeunes
8. Retrouver la parole associative
9. Protéger les droits des exilés
10. Mobiliser les troupes demain
11. Développement durable : s'engager avec énergie
12. Continuer à manager dans le public
13. Intégrer la révolution numérique
14. Innover pour avancer
15. Diffuser le modèle de l'ESS
Clémence Dellangnol, Aurélia Descamps, Aude Mallaury et Pascal Nguyên
Publié dans le magazine Direction[s] N° 168 - octobre 2018